Comment réagir aux blessures à la tête chez les enfants ?

Publié le : 15 octobre 202016 mins de lecture

Il arrive souvent qu’un bébé se retourne pour la première fois sur la table à langer au moment où vous le laissez seul pendant un court instant. Ou bien les premières tentatives de ramper mènent directement à un escalier non sécurisé. Près de la moitié des accidents domestiques sont des chutes et l’enfant tombe souvent sur la tête. La gravité d’un traumatisme crânien étant si difficile à évaluer de l’extérieur, l’enfant doit être surveillé pour détecter les complications, même longtemps après l’accident.

Qu’est-ce qu’un traumatisme crânien ?

Un traumatisme du crâne définit tout choc reçu à la tête, au niveau du crâne, qui provoque un trouble de la conscience. Chute, agression, accidents de voiture ou de vélo… Les douleurs sont devenues très fréquentes aujourd’hui. Leur gravité est très variable. Ils sont classés en trois groupes, le traumatisme crânien léger (TCL), le trauma modéré, le trauma sévère. 

Les symptômes 

Par exemple, même un léger impact violent sur la tête, qui semble plutôt inoffensif à l’extérieur, peut provoquer une hémorragie à l’intérieur. La pression du sang qui s’échappe peut entraîner des lésions tissulaires dans la cervelle. Le plus délicat : les symptômes des blessures peuvent apparaître bien plus tard que l’accident, c’est-à-dire après 24 à 48 heures. Même les blessures graves ne sont pas toujours immédiatement apparentes. Au début, seuls quelques symptômes apparaissent, et quelques heures plus tard, l’état de l’enfant s’aggrave considérablement. Un œdème, autrement dit d’une accumulation d’eau qui va augmenter la pression à l’intérieur du cerveau, et ce, autour de la lésion dans les heures qui suivent l’accident, avec comme risques le développement d’une hypertension intracrânienne et un refoulement de la masse de la cervelle  du côté opposé (syndrome dit « d’engagement »). Un choc violent sur la tête peut provoquer diverses blessures : 

– Le traumatisme crânien léger (TCL)

C’est le tableau le plus banal. Il n’y a pas de symptôme neurologique, pas de lésion dans la cervelle. Le trauma a provoqué une perte de connaissance immédiate. Le patient est « assommé », « K.O. », il peut avoir de légers maux de tête, quelques vertiges. Cette commotion cérébrale est la conséquence la plus courante et la plus légère d’une blessure à la tête. L’enfant est généralement inconscient immédiatement, mais seulement pendant quelques secondes à quelques minutes. Parfois, l’inconscient est si court que l’aide ne le remarque même pas. Les symptômes typiques sont des étourdissements, des maux de tête, un trou de mémoire lié à l’accident, des nausées et des vomissements. L’enfant semble fatigué ou étourdi ; des vomissements peuvent se produire à plusieurs reprises avec un décalage dans le temps (après environ 30 à 60 minutes). Une bosse peut apparaître sur la tête. En cas de coupure du cuir chevelu, le saignement peut être abondant en raison de sa riche vascularisation à proximité de la surface. Une lésion du cuir chevelu semble donc souvent beaucoup plus grave qu’elle ne l’est réellement.

– Le traumatisme modéré

Une perte de connaissance initiale, des maux de tête, des vomissements, des troubles de la conscience, une fracture par trauma facial comme fracture du nez et dents cassés avec épanchement de liquide céphalo-rachidien, liquide biologique transparent dans lequel baigne le cerveau, au niveau du nez ou des oreilles peuvent être constatés. La fracture basale du crâne peut être reconnue par la fuite de sang ou d’humeur aqueuse du nez, de la bouche ou de l’oreille. Les ecchymoses autour d’un ou des deux yeux (appelées hématomes des lunettes) sont caractéristiques, mais elles apparaissent plus tard. L’enfant est généralement inconscient, des crampes se produisent parfois. Si des organes de l’oreille interne sont touchés, des vertiges, des nausées et des vomissements peuvent survenir.

– Le traumatisme sévère

Dans ce cas, il existe des lésions anatomiques du cerveau, nécrose hémorragique avec œdème) soit au niveau de la plaie, soit à l’opposé, effet de contre-coup. Ces lésions cérébrales provoquent des signes de localisation déficitaires neurologiques : diminution de la force musculaire ou de la sensibilité d’un membre, asymétrie des réflexes ostéotendineux (réaction involontaire normale de contraction musculaire), signe de Babinski, aphasie. Les contusions cérébrales sont des ecchymoses de la tête, en général dues à un coup violent et direct sur la tête. Les vaisseaux sanguins sous la tête peuvent éclater. L’ecchymose qui en résulte peut exercer une pression sur la tête. Soit l’enfant est immédiatement inconscient, soit il perd soudainement conscience avec un décalage dans le temps. Il est également possible que l’enfant se plaigne de maux de tête croissants, puis que des nausées, vomissements, hoquets, paralysies et changements psychologiques (agitation, apathie, troubles de la mémoire) se produisent. Si la pression n’est pas relâchée, des troubles de la conscience allant jusqu’au coma peuvent en résulter. La vie de l’enfant est en danger et il a besoin de toute urgence de soins médicaux intensifs.

D’autres fois, le blessé présente un coma profond stade III après le coup. Des indices de décérébration (atteinte du tronc cérébral qui se caractérise par une rigidité des extrémités des membres extérieurs) sont possibles. Le scanner est pratiqué d’urgence. 

Mesures après une chute avec blessure à la tête

Posez-lui des questions appropriées à son âge et sans ambiguïté, comme « Savez-vous où vous êtes ? », « Dois-je vous lire une histoire ? » Surveillez attentivement votre enfant pour déceler les changements de comportement inhabituels. Rangez-le à plat avec la tête légèrement relevée, couvrez-le bien au chaud et gardez-le au calme. Essayez de calmer l’enfant, donnez-lui un doudou familier, racontez-lui une histoire préférée ; cependant, il ne doit pas s’endormir. Vérifiez régulièrement votre pouls et votre respiration et ne laissez jamais l’enfant seul.

Appelez le médecin urgentiste si l’enfant s’évanouit, vomit abondamment, somnolent ou étourdi. Surtout, s’il présente des troubles du comportement, se plaint de graves maux de tête et s’il a des convulsions. Du liquide aqueux ou sanglant sort du nez ou de l’oreille, les pupilles de l’enfant ne sont pas de taille égale.

Dans tous les cas, il est indispensable d’immobiliser la victime, et d’éviter toute flexion ou rotation de la tête. Maintenez la tête de la victime en plaçant vos mains à plat de chaque côté de sa tête. Ce maintien permettra d’éviter tout mouvement de la colonne et de maintenir l’axe tête-cou-tronc strictement droit. L’alerte des secours médicalisés devra être effectuée le plus rapidement possible. Devant tout trouble de la conscience, la victime sera mise en position latérale de sécurité.

Les complications

– Complications aiguës : 

L’hypertension intracrânienne : c’est la conséquence de l’installation d’un processus expansif tel que des saignements ou de l’œdème dans l’espace clos et rigide qu’est la boîte crânienne. L’accumulation de sang ou d’œdème à l’intérieur ou autour de la cervelle finit par comprimer ce dernier car la boîte crânienne est inextensible : elle se manifeste par des maux de tête violents et non régressifs avec des vomissements, des anomalies au fond d’œil et à l’examen de la motricité oculaire.

Les « engagements » cérébraux : c’est le déplacement de la masse de la masse cervelle sous la pression intracrânienne trop élevée vers des orifices naturels de la tête et qui a pour conséquence la compression de la cervelle. Le plus grave est l’engagement du tronc cérébral qui contient toutes les structures nécessaires au maintien en vie (centre de la respiration, centre qui contrôle le cœur) dans le trou occipital (qui permet de faire la jonction entre la colonne vertébrale et la boîte crânienne) qui a pour conséquence le décès rapide du patient par défaillance cardio-respiratoire.

– Complications infectieuses : la méningite post-traumatique et l’abcès cérébral

 Il s’agit respectivement de l’infection du liquide céphalo-rachidien et de l’infection de la cervelle. Elles concernent surtout les traumatismes crâniens avec plaie pénétrante ou fracture de la tête ou de la face. Elles nécessitent une mise sous antibiotique et une surveillance hospitalière.

– Complication chronique

L’hématome sous-dural chronique. Il s’agit de sang collecté entre la dure-mère et l’arachnoïde. C’est un hématome sous-dural qui se forme très lentement. Il survient le plus souvent chez les personnes âgées. Les facteurs favorisants sont l’atrophie cérébrale (fréquente chez les personnes âgées), la déshydratation, l’alcoolisme, la prise d’anticoagulants. Il ne se résorbe jamais seul et se manifeste par des indices cliniques divers et trompeurs : déficit neurologique, ralentissement psychique, confusion, crise d’épilepsie. Il existe un risque d’engagement cérébral. Le traitement est neurochirurgical seulement en cas d’apparition de signe d’hypertension intracrânienne.

Comment prévenir les blessures à la tête ?

Rendez votre maison à l’épreuve des enfants, les fenêtres ne doivent être que basculantes ou sécurisées par des barreaux. Il en va de même pour les escaliers et les balcons, ils doivent être sécurisés par une rampe ou une grille. Il existe des bouchons spéciaux en plastique pour les coins et les arêtes vives des meubles. Des chaussettes antidérapantes pour les enfants qui rampent et des pantoufles pour les petits enfants assurent la sécurité à la maison et à la maternelle. Ne laissez jamais un enfant sans surveillance sur un meuble à langer, une chaise haute, un lit de bébé ou un landau. Les aides à l’apprentissage de la marche (par exemple la marche libre, le trotteur, l’école du trotteur) ne sont pas recommandées. Ils peuvent provoquer des accidents au cours desquels les enfants subissent de graves blessures à la tête. À vélo, le casque est obligatoire pour les enfants. Les jeux et les cadres ou balançoires d’escalade représentent un risque considérable de l’accident. Ne laissez pas les jeunes enfants, en particulier, y jouer sans surveillance. Si ces échafaudages sont placés sur un sol mou ou sur de l’herbe, le danger est considérablement réduit.

– Le traitement ou médicament à envisager : 

Le paracétamol est le médicament de choix en première intention. Il faut par contre absolument éviter l’aspirine qui peut faire saigner. S’il existe une bosse, aussi grosse, soit-elle, il suffira d’appliquer du froid (glace dans un linge) une dizaine de minutes plusieurs fois par jour pendant quelques jours afin de limiter le gonflement. S’il existe une plaie non-profonde et propre, il faudra comprimer avec, une compresse, désinfecter et appliquer un pansement. Dans le cas contraire (plaie profonde, saignement abondant, possible corps étranger dans la plaie), il faudra consulter votre médecin pour faire éventuellement des points de suture. 

– Quand consulter un médecin aux urgences?

Lorsque le choc a été particulièrement violent ou lorsqu’un critère de surveillance est présent, il faut être examiné par un médecin aux urgences. Les critères de surveillance sont ceux cités plus haut pouvant laisser supposer une hémorragie, mais globalement, en cas de doute, il est préférable de consulter les urgences. En résumé, chaque signe ou élément étrange dans les 48 h suivant un coup à la tête doivent faire consulter un médecin ou appeler le 15.

Le médecin réalisera un examen neurologique détaillé et cherchera des cliniques pouvant laisser penser qu’il existe une hémorragie. Si tout va bien, il donnera probablement simplement les conseils de surveillance au domicile. En cas de doute, il peut faire hospitaliser le patient à l’hôpital pour surveillance de la santé, demander un scanner ou une IRM.
En cas d’hémorragie, pour sa santé, le patient sera soit simplement surveillé à l’hôpital, soit sera pris en charge par un chirurgien pour évacuer l’hématome.

Les types de plaie crânio-cérébrale

On distingue 4 types de plaie crânio-cérébrale selon l’importance des lésions crânio-cérébrales, le type et le trajet de l’agent vulnérant.

– Les plaies pénétrantes : elles sont causées par des objets tranchants ou perforants. Au niveau de l’orifice d’entrée, la plaie se présente comme une petite effraction cutanée. Sur le trajet, il y a des atteintes vasculaires et neuronales responsables d’un hématome et de foyer d’attrition cérébrale. 

–  Les plaies transfixiantes : elles sont dues surtout par les armes à feu. L’orifice d’entrée est fait d’une plaie contuse punctiforme. Le scalp est le siège d’un volumineux hématome. Le pourtour du trajet présente un aspect nécrotico-hémorragique et rempli de cicatrice gliale. Il existe toujours un fracas osseux au niveau de l’orifice de sortie.

– Plaies avec éclat de la voûte localisée : elles sont causées par des agents contondants. Ces plaies peuvent être ouvertes ou fermées. 

– Le délabrement crânio-cérébral : ces blessures sont dues aux explosions ou aux accidents de circulation, dont la direction de la force traumatique est tangentielle avec arrachement du scalp et fracture embarrée de la voûte.

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