Neuropathie optique nutritionnelle : une « malbouffe » qui détruit la vue des jeunes ?

Publié le : 15 octobre 20206 mins de lecture

Un récent rapport de cas publié dans les « Annals of Internal Medicine » suggère que tout patient présentant une perte de vision inexpliquée et une mauvaise alimentation devrait être considéré comme atteint d’une neuropathie optique nutritionnelle, quel que soit son IMC.

Le fait que la consommation de fast food comporte de nombreux risques – tels qu’une mauvaise santé cardiovasculaire, la surcharge pondérale et le cancer – a maintenant atteint les citoyens les plus responsables. Mais une mauvaise alimentation peut aussi causer des dommages permanents au système nerveux, en particulier à la vue.

Les médecins et les scientifiques de la Bristol Medical School et du Bristol Eye Hospital ont documenté l’exemple extrême d’un homme de 17 ans qui, depuis la fin de l’école primaire, ne mangeait que des frites, du pain blanc et, occasionnellement, du porc transformé (saucisses ou tranches de jambon).

Les complications visuelles d’un régime alimentaire limité à la restauration rapide

À 14 ans, il a vu son médecin de famille pour la première fois parce qu’il était malade et fatigué. À l’exception de ses habitudes alimentaires, il était discret, avait un IMC normal, ne présentait aucun signe clinique de malnutrition et ne prenait aucun médicament. Le diagnostic était une anémie macrocytaire et une réduction des niveaux de vitamine B12, mais pas d’anticorps contre le facteur intrinsèque ou la transglutaminase tissulaire. Il a bénéficié d’une substitution par voie parentérale de la vitamine B12 et de conseils nutritionnels.

Un an plus tard, il est retourné voir son médecin de famille en raison d’une perte d’audition et de vision, mais aucun lien n’a été établi avec son état nutritionnel.

Après deux autres années de perte progressive de la vue, le patient était pratiquement aveugle et a été orienté vers la clinique ophtalmologique de Bristol.

D’autres éclaircissements ont à nouveau révélé une carence en vitamine B12, une baisse des niveaux de cuivre et de sélénium, une augmentation de la concentration en zinc et une carence en vitamine D, qui se traduisait déjà par une réduction de la densité osseuse.

On lui a diagnostiqué une neuropathie optique nutritionnelle. Si elle avait été diagnostiquée à un stade précoce, la maladie aurait été réversible. Dans le cas de ce jeune patient, les médecins estiment que les dommages sont permanents. Sa déficience visuelle est suffisante pour une cécité officiellement certifiée. Le champ visuel périphérique est encore intact dans la mesure où il peut percevoir son environnement, mais la macula est tellement endommagée que des choses comme la lecture, la conduite d’une voiture ou la reconnaissance des visages et des objets ne lui sont plus possibles.

Le premier auteur, le Dr Denize Atan, médecin en chef du département de neuroophtalmologie du Bristol Eye Hospital, déclare : « Notre vision a un impact énorme sur la qualité de vie, l’éducation, l’emploi, les interactions sociales et la santé mentale. Ce cas illustre l’influence du régime alimentaire sur la santé visuelle et physique et le fait que l’apport calorique et l’IMC ne sont pas des indicateurs fiables de l’état nutritionnel « 1

Un diagnostic précoce est essentiel pour éviter des dommages irréparables

Dans les pays développés, les troubles intestinaux et les substances qui interfèrent avec l’absorption de nutriments importants sont les causes les plus fréquentes de neuropathie optique liée à l’alimentation (par exemple, l’abus d’alcool). Cependant, la popularité de la « malbouffe » pourrait rendre des cas comme celui décrit ici plus fréquents. En outre, les niveaux de B12 chez les végétaliens doivent être contrôlés et complétés de manière adéquate. Dans d’autres régions du monde, la pauvreté, la guerre ou la sécheresse peuvent également entraîner la malnutrition et donc une augmentation des taux de maladie.

Comme élément déclencheur, une carence de divers micronutriments est possible, comme la vitamine A, la vitamine B1 (thiamine), la vitamine B2 (riboflavine), la vitamine B3 (niacine), la vitamine B6 (pyridoxine), la vitamine B9 (acide folique), la vitamine B12 (cobalamine), le fer, le calcium, le magnésium et le cuivre.

Le commentaire d’un médecin faisant référence à un cas similaire

Un garçon de 11 ans, d’origine est-asiatique, a été hospitalisé après 8 mois de perte progressive de la vision, d’héméralopie et de sensibilité à la lumière. Son acuité visuelle était réduite à la détection des mouvements de la main à une distance de 30 cm. En raison de ses multiples allergies alimentaires et de ses inquiétudes quant aux éventuels déclencheurs d’eczéma, dont il souffrait également, l’enfant avait suivi un régime alimentaire restrictif composé uniquement de pommes de terre, de porc, d’agneau, de pommes, de concombres et de Cheerios (céréales pour le petit déjeuner). Les aliments plus riches en vitamine A (carottes, patates douces, légumes à feuilles vertes, poisson, foie et beurre, par exemple) étaient totalement absents. La carence en vitamine A est l’une des principales raisons de la cécité évitable dans l’enfance. Six semaines après le traitement avec des super doses de vitamine A (200 000 UI par jour pendant 2 jours et une troisième dose après 2 semaines), l’acuité visuelle s’était sensiblement améliorée (à 20/800 bliatéral).

Une perte de vision due à une carence en vitamine A peut être réversible, mais dans des cas comme celui-ci, où une atrophie optique s’est déjà produite, la déficience risque d’être permanente dans une certaine mesure.

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